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Des vers et des virées
23 octobre 2019

LA CANTILENE

                                             La Cantilène

Une complainte, une belle chanson simple, lyrique et romantique, avec un refrain.

Une forme très ancienne en musique : elle existait avant la chanson de gestes !

Une forme très ancienne en poésie : c’est même le premier texte poétique retrouvé, écrit en langue romane qui deviendra le français quelques siècles plus tard !

           La cantilène de Sainte Eulalie a été écrite dans une abbaye près de Valenciennes où on peut voir le manuscrit datant de 880 !

                      Un manuscrit du temps des Carolingiens !

Ci-dessous une photo du manuscrit et une traduction

Cantilene

 

 

Cantilène de sainte Eulalie (IXe siècle), traduction

Eulalie fut une bonne vierge;
Elle avait un beau corps, une âme plus belle.
Les ennemis de Dieu la voulurent vaincre;
Voulurent la faire servir le diable.
Mais elle n’écoute pas les méchants qui lui conseillent
De renier Dieu qui est là-haut dans le ciel.
Ni pour or, ni pour argent, ni pour parure,
Ni par les menaces, ni par la douceur, ni par les prières,
On ne put jamais plier
La jeune fille à ne pas aimer le service de Dieu.
C’est pourquoi on la présenta à Maximien,
Qui était, en ce temps-là, roi des païens.
Il l’exhorte, mais elle ne s’en soucie guère,
À quitter le nom chrétien.
Elle rassemble toute sa force;
Plutôt elle souffrirait la torture
Que perdre sa virginité:
C’est pourquoi elle est morte à grand honneur.
Ils la jetèrent dans le feu pour qu’elle y brûlât vive.
Elle était toute pure: c’est pourquoi elle ne brûla point.
Le roi païen ne voulut pas se rendre à ce miracle;
Avec une épée lui fit couper la tête.
La demoiselle n’y contredit pas:
Elle veut quitter le siècle: elle en prie le Christ.
Sous la forme d’une colombe, elle s’envole au ciel.
Supplions-la tous de vouloir bien prier pour nous,
Afin que le Christ ait merci de nous
Après la mort, et nous laisse venir à lui
Par sa clémence.

https://geudensherman.wordpress.com/lit-ma-fr/ma-intro/la-cantilene-de-sainte-eulalie/

 

                            La cantilène a résisté aux siècles.

 En voici deux que j’adore.

 Une de Jean Moréas, le poète qui a rédigé « Le manifeste du symbolisme » en 1886 et une de Baudelaire qui ne s’appelle pas cantilène mais qui répond bien à ses caractéristiques.

 

Dans « Cantilènes -INTERLUDE LE RHIN » de Jean Moréas

220px-Jean_Moréas_1910

 

Aux galets le flot se brise

Sous la lune blanche et grise,

Ô la triste cantilène

Que la bise dans la plaine !

-elfes couronnés de jonc,

Viendrez-vous danser en rond ?

 

Hou ! Hou ! Le héron ricane

Pour faire peur à la cane.

Trap ! Trap ! Le sorcier galope

Sur le bouc et la varlope.

-elfes couronnés de jonc,

Viendrez-vous danser en rond

 

Au caveau rongé de mousse

L' empereur à barbe rousse,

Le front dans les mains, sommeille.

Le nain guette la corneille.

-elfes couronnés de jonc,

Viendrez-vous danser en rond ?

 

Mais déjà l' aurore émerge,

De rose teignant la berge,

Et s' envolent les chimères

Comme un essaim d' éphémères.

-elfes couronnés de jonc,

Vous ne dansez plus en rond.

                                                                                              https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k82483q/f43.double

 

 

 

                                      L’invitation au voyage,  Charles Baudelaire

w-charles-baudelaire-portrait-art-stephane_bouillet

 

 

Mon enfant, ma sœur,

Songe à la douceur

D’aller là-bas vivre ensemble !

Aimer à loisir,

Aimer et mourir

Au pays qui te ressemble !

Les soleils mouillés

De ces ciels brouillés

Pour mon esprit ont les charmes

Si mystérieux

De tes traîtres yeux,

Brillant à travers leurs larmes.

 

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

 

Des meubles luisants,

Polis par les ans,

Décoreraient notre chambre ;

Les plus rares fleurs

Mêlant leurs odeurs

Aux vagues senteurs de l’ambre,

Les riches plafonds,

Les miroirs profonds,

La splendeur orientale,

Tout y parlerait

À l’âme en secret

Sa douce langue natale.

 

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

 

Vois sur ces canaux

Dormir ces vaisseaux

Dont l’humeur est vagabonde ;

C’est pour assouvir

Ton moindre désir

Qu’ils viennent du bout du monde.

– Les soleils couchants

Revêtent les champs,

Les canaux, la ville entière,

D’hyacinthe et d’or ;

Le monde s’endort

Dans une chaude lumière.

 

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/charles_baudelaire/linvitation_au_voyage

 

 

A VOUS ! Tous à vos plumes. Une belle cantilène avec quelques couplets et un refrain.

Suggestion :

 Voici 5 mots qui ont perdu leur cantilène : lumière- désir- charme – mystérieuse -monde.

A vous de leur inventer une cantilène !

Voici la mienne :

Canti-lumière

Lumière du matin

Elle baigne le jardin

Douce et claire

Mystérieuse

Elle a chassé la nuit

Souffle léger et doux

Elle s’est faufilée

Jusque dans le rosier

Et les roses sont apparues

 

Où sont les charmes de la nuit ?

Ils ont filé dans l’autre monde.

 

Lumière de l’après-midi

Vive et violente

Les roses baissent le col

Les herbes immobiles

Crient au ciel leur désir de pluie

Les arbres ne bruissent plus

Le vent est tombé

Le soleil explose

Il pose sur la terre son manteau de feu

 

 

Où sont les charmes de la nuit ?

Ils ont filé dans l’autre monde.

 

Lumière du soir

Délicate et feutrée

Elle caresse le jardin

Douce comme le velours

Les pétales de la fleur

Voudraient la retenir

Ils hésitent et se referment

Le silence des ténèbres

S’installe doucement

 

Où sont les charmes de la nuit ?

Ils arrivent de l’autre monde.

 

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Commentaires
M
Et voici la deuxième<br /> <br /> <br /> <br /> La clé des songes<br /> <br /> <br /> <br /> Le jardin d’Éden<br /> <br /> Domine la mer<br /> <br /> Baignée<br /> <br /> De soleil couchant<br /> <br /> Reflets d’or<br /> <br /> Sur les palais<br /> <br /> Des princesses<br /> <br /> Des mille et une nuits<br /> <br /> <br /> <br /> La clé des songes<br /> <br /> Pousse la porte du voyage<br /> <br /> <br /> <br /> Barquerolles<br /> <br /> Aux fleurs délicates<br /> <br /> Bercées par les flots<br /> <br /> Pareilles aux voiles blanches<br /> <br /> Dans leurs corolles<br /> <br /> Emportent nos rêves<br /> <br /> Vers des rivages <br /> <br /> Sans nuage<br /> <br /> <br /> <br /> La clé des songes<br /> <br /> Pousse la porte du voyage<br /> <br /> <br /> <br /> Les barques fleuries<br /> <br /> Aux douces senteurs <br /> <br /> De jasmin<br /> <br /> Glissent sur l’atoll<br /> <br /> Havre de douceur<br /> <br /> Sous l’azur<br /> <br /> D’une infinie <br /> <br /> Splendeur<br /> <br /> <br /> <br /> La clé des songes<br /> <br /> Pousse la porte du voyage<br /> <br /> <br /> <br /> Le sable frissonne<br /> <br /> Les transats <br /> <br /> Replient leurs bras<br /> <br /> Sur les planches<br /> <br /> De Deauville<br /> <br /> Mon rêve <br /> <br /> S’évanouit<br /> <br /> Dans le ciel gris<br /> <br /> <br /> <br /> La clé des songes<br /> <br /> Pousse la porte du voyage<br /> <br /> <br /> <br /> Mireille HEROS<br /> <br /> Récipro<br /> <br /> 10 octobre 2019
Répondre
M
Voici ma cantilène<br /> <br /> Sur le bord d’un croissant de lune<br /> <br /> <br /> <br /> Écoute la chanson<br /> <br /> Des feuilles mortes<br /> <br /> Par myriades<br /> <br /> Elles nous ramènent<br /> <br /> Sur le banc des écoliers<br /> <br /> Où l’encre devisait <br /> <br /> Avec nos cahiers<br /> <br /> <br /> <br /> Sur le bord d’un croissant de lune<br /> <br /> Les ors et les pourpres effeuillent les arbres<br /> <br /> <br /> <br /> Souviens-toi de Violette<br /> <br /> Dans la lumière du matin<br /> <br /> Elle se faufilait entre nos doigts<br /> <br /> S’enroulait en pleins et déliés mystérieux<br /> <br /> Puis se couchait sur le doux vélin<br /> <br /> Où fleurissaient de jolis pâtés<br /> <br /> Châteaux de sable de notre enfance.<br /> <br /> <br /> <br /> Sur le bord d’un croissant de lune<br /> <br /> Les ors et les pourpres effeuillent les arbres<br /> <br /> <br /> <br /> Les plumes partaient en croisade<br /> <br /> Elles puisaient dans l’encrier<br /> <br /> De nos rêves d’enfants<br /> <br /> Le désir d’être grands<br /> <br /> Pour conquérir le monde<br /> <br /> Sur le destrier<br /> <br /> D’un preux chevalier.<br /> <br /> <br /> <br /> Sur le bord d’un croissant de lune<br /> <br /> Les ors et les pourpres effeuillent les arbres<br /> <br /> <br /> <br /> Sur le cahier de ma vie<br /> <br /> L’encre a coulé, s’est arrêtée<br /> <br /> Puis s’est endormie<br /> <br /> Dans les bras d’une souris<br /> <br /> Aux mille et un caractères<br /> <br /> Adieu la bâtarde et la ronde<br /> <br /> Bonjour Arial et Calibri<br /> <br /> <br /> <br /> Sur le bord d’un croissant de lune<br /> <br /> Les ors et les pourpres effeuillent les arbres<br /> <br /> <br /> <br /> Les pages de mon cahier<br /> <br /> Se sont envolées<br /> <br /> Un sergent-major les a attrapées<br /> <br /> Le charme a opéré<br /> <br /> La douce Violette s’est attardée<br /> <br /> Sur la plume du poète<br /> <br /> Pour mon plus grand bonheur.<br /> <br /> <br /> <br /> Sur le bord d’un croissant de lune<br /> <br /> Les ors et les pourpres effeuillent les arbres.<br /> <br /> <br /> <br /> Mireille HEROS<br /> <br /> Récipro<br /> <br /> 14 novembre 2019
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